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Participation au sauvetage des amphibiens

Une participante au sauvetage des amphibiens raconte son expérience.

Voici des passages illustrant l’action des sauveteurs à la tombée de la nuit.


« SAUVONS LES CRAPAUDS »

(Extraits de la lettre de Renée N°68)

« Un soir de mars pluvieux, vers 20h15, sur la petite départementale d’Auxerre à Héry, juste à l’entrée de Sougères, j’ai vu sauter des dizaines de batraciens à la lueur des phares. Même en roulant lentement, je ne pouvais les éviter et j’ai dû en écraser... »

« Aussi, quand « l’Yonne Républicaine » a relaté, trop brièvement, le travail nocturne d’une équipe de la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), j’ai voulu en savoir plus.

Je suis allée les rejoindre mercredi 16 mars. Ce n’est pas à Sougères que le sauvetage des crapauds avait lieu, mais sur un site à l’entrée d’Appoigny, près du hameau des Bries... » (coupure dans le texte des détails notés pour le rendez-vous)

« Notre équipement était ultra simple : un gilet fluorescent, (celui de nos véhicules), un seau, une lampe de poche, des gants pour ceux qui voulaient. Les premiers crapauds sortaient du parking d’un hotel ou des bois alentours, sautant par à coup, lentement, mollement, marquant des arrêts. Ils traversaient la route pour aller rejoindre la mare dans l’îlot de verdure en face, mais pas assez vite. Ils se faisaient donc écraser par les automobilistes qui rentraient du travail.

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Un couple de crapauds sur la route

Tous les sauveteurs bénévoles et habitués, avaient vite fait de repérer les masses sombres à la faible lueur des lampes. Souvent, des couples de crapauds déjà formés : un mâle plus petit, juché et bien accroché sur sa femelle, se laissant transporter.
Nous saisissions le couple pour le mettre dans le seau, avec d’autres sauteurs solitaires en route eux aussi vers ce point d’eau qui les attirait tous. Sur environ 150 m, les crapauds et les grenouilles sortaient du fossé. Il fallait vite les attraper avant qu’ils s’engagent sur la chaussée .... »


« Dans le seau, les crapauds chantaient. Un petit cri aigu, toujours sur la même note, un chant d’amour, d’accouplement ou de dérangement, allez savoir. Quand les amoureux commençaient à trop se superposer, s’agiter ou peser, nous allions en face les libérer, les glissant par les grosses mailles d’une clôture métallique protégeant le plan d’eau. Nous comptions les bêtes sauvées de l’écrasement fatal, en les relâchant. Le responsable du groupe inscrivait tout sur sa calculette, y compris le nombre de cadavres retrouvés sur la route, le temps d’aller vider le seau !

Le bonheur, c’était de sauver une grenouille rousse, plutôt rare ici et l’amusement suprême, voir trois ou quatre mâles accrochés à la même femelle ! Un paquet énorme à passer au travers du grillage, pas un ne lâchant prise. Pas triste du tout notre soirée, et riche d’enseignement. … »

Vous allez sans doute nous prendre pour des « fadas » en lisant cela. J’ai trouvé que ces militants avaient bien du mérite, au contraire. Ils sont peu équipés et encore trop peu aidés. Dans d’autres régions de France, le Conseil Général œuvre à leurs côtés, participe financièrement à l’achat des équipements et prend les bonnes décisions pour éviter le massacre.

---------- 18 mars 2011 -------------- Texte de Renée Lambert.


Note du rédacteur :  :

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Couple grenouilles rousse

De 2008 à 2014, l’équipe des Bries a sauvé 12727 amphibiens (2343 écrasés), avec le pic en 2011 : 4920 amphibiens sauvés (840 écrasés). C’est considérable.

L’endroit riche en oiseaux et faune diverse, est une véritable réserve naturelle mais sera détruit pour implanter la future ZAC des Bries.

Par notre intervention les porteurs du projet d’urbanisation ont pris conscience de la présence des amphibiens et ils réfléchissent à des solutions, pour que ces animaux ne deviennent pas qu’un lointain souvenir !
De nouvelles mares sont promises sur le secteur en automne 2014 pour aider les amphibiens à se reproduire et à effectuer leur cycle biologique.

---------- 4 mai 2014 -------------- Patrice Meunier.